Petite Histoire de Sicile


Vous avez commencé vos recherches généalogiques avec la certitude que votre nom de famille typiquement espagnol vous amènerait droit au pays du Cid, et les archives sont formelles : vous venez de Sicile ? On vous a toujours dit que vos ancêtres venaient de cette île au cœur de la Méditerranée et vous avez du mal à y croire puisque vous ressemblez plutôt à un cliché de Viking scandinave ? Ou au contraire, votre généalogie est 100% sicilienne mais un test ADN vient tout chambouler : vos gènes sont grecs et savoyards ?

La réponse à toutes ces questions se cache sans doute dans l’Histoire incroyablement riche de cette île, véritable carrefour de civilisations à la croisée des mondes. Autant de cultures et d’histoires qui ont laissé une empreinte indélébile sur ses habitants…et leur descendance !

Carte de l’Ancienne Sicile, par Guillaume Delisle (1675-1726), 1725
source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

La Sicile dans l’Antiquité

La Sicile a une histoire complexe, marquée par de nombreuses influences culturelles. Elle doit son nom aux Sicules, un des premiers peuples à occuper l’île entre le XIe et le XIIIe siècle avant notre ère. Les Phéniciens y installent quelques comptoirs dès le XIe siècle, dont Zyz qui deviendra Palerme. À partir de -750, ce sont les Grecs qui y fondent des colonies florissantes, notamment Syracuse, Catane ou Zancle (l’actuelle Messine), apportant à l’île leur culture, leur philosophie et leur art.

L’Antiquité sicilienne a également été le théâtre de conflits majeurs, notamment les guerres puniques entre Rome et Carthage, qui aboutissent à l’annexion de la Sicile par Rome en -241. La richesse agricole de l’île en fait un enjeu stratégique majeur, lieu d’invasions successives par les Vandales et les Ostrogoths, avant de revenir sous le contrôle de l’Empire byzantin à partir du VIe siècle.

La fontaine de la Zisa (“aziz” signifie “la splendide” en arabe) construite au XIIe siècle par les souverains normands de Sicile, dans un style arabo-normand avec des inspirations byzantines.
photographie de Jean-Pierre Dalbéra, CC

La Sicile médiévale

Le Moyen Âge sicilien a été un temps de transformations profondes. La période islamique, qui débute en 827 après l’invasion musulmane, a été marquée par une brillante époque de prospérité et de raffinement culturel. Les populations arabo-berbères apportent avec elles des avancées significatives dans l’agriculture, la science et l’architecture, laissant une empreinte durable sur l’île. Cependant, c’est aussi un temps de conflits et de rivalités entre diverses dynasties arabes, normandes et byzantines.

Entre 1060 et 1090, l’île est finalement conquise par les Normands. Le règne de Roger Ier marque le début d’une ère de fusion culturelle et d’essor économique exceptionnels. Le syncrétisme sicilien se caractérise par la coexistence de différentes communautés grecques, arabes, latines et normandes, favorisant l’échange d’idées et de savoir-faire. Les écoles siciliennes de médecine et de traduction étaient renommées dans toute l’Europe médiévale.

Mais l’île n’est jamais restée très longtemps sous une même influence. Au fil des siècles et au prix de conflits parfois sanglants, Souabes, Angevins, Aragonais, Savoyards, Autrichiens et Espagnols se succèdent à la tête du Royaume de Sicile.

Le cloître de San Giovanni degli Eremiti à Palerme, de style arabo-normand : les voûtes en plein cintre côtoient les coupoles.
Photographie de Jean-Pierre Dalbéra, CC

La Sicile d’hier et d’aujourd’hui

En janvier 1848, le peuple sicilien se révolte contre le règne des Bourbons de Naples et déclare son indépendance, première étincelle du Printemps des Peuples qui embrase l’Europe cette année-là. C’est aussi le premier rouage d’un engrenage historique et politique complexe : le Risorgimento, qui mène à l’unification italienne de 1861. Mais en cette fin de XIXe siècle, la Sicile se fait aussi terre de naissance de la mafia, dont l’influence pèse aujourd’hui encore lourdement sur les familles de la région.

Le XXe siècle a été marqué par une importante diaspora sicilienne qui a façonné les destinées de nombreuses familles de l’île. La pauvreté, les troubles sociaux, la menace permanente de la mafia ont poussé de nombreux Siciliens à quitter le pays de leurs ancêtres. Des vagues d’émigration ont eu lieu notamment vers la France via la Tunisie, les États-Unis, l’Argentine, l’Australie ou encore le Canada.

Sur le port de Palerme, le Monument aux Morts dans la Lutte contre la Mafia côtoie les églises du XVIIe siècle.

Ces Siciliens émigrés ont apporté avec eux leur culture, leur langue et leur histoire familiale, essaimant partout à travers le monde. Cette diaspora a joué un rôle essentiel dans la préservation de l’identité sicilienne, avec ses fêtes, sa cuisine et ses traditions transmises de génération en génération.

Les récits de ces déracinés, de leurs luttes et de leurs succès, sont une partie intégrante de l’histoire généalogique sicilienne. Ils éclairent les décisions et les destins de nombreuses familles, qu’elles soient restées sur l’île ou qu’elles aient quitté la terre de leurs ancêtres.

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