Petite Histoire de Bretagne : Entre légendes et réalités


Si l’histoire de vos ancêtres vous mène en Bretagne, que vous ayez grandi avec du beurre à tous les repas ou que vous ne voyez pas de différence entre une crêpe salée et une galette, vous pouvez avoir besoin de démêler ce qui relève du mythe et ce qui relève des faits au sujet de cette région.

Terre de mystères, de légendes et de fantasmes, la Bretagne possède une riche histoire qui nous transporte à travers les siècles. Suivez-nous dans un court voyage au cœur de cette région empreinte de traditions et de combats qui ont façonné son identité si unique.

La Bretagne des Origines Mythiques, de la Préhistoire à l’Antiquité :

Plaque de côté d'un coffret profane : Gauvain sur le lit périlleux, Louvre
Plaque de côté d’un coffret profane : Gauvain sur le lit périlleux, Louvre

La Bretagne, creuset des légendes arthuriennes, émerge des brumes du passé avec une aura de mystère. Les contes de Merlin, de la Table Ronde et du roi Arthur tissent un voile légendaire qui obscurcit les origines de cette terre. Développée aux environs du XIIe siècle et sans cesse reprise et modifiée depuis, cette « Matière de Bretagne » a parfois fait oublier ses premiers occupants.

Bien avant l’arrivée des Romains, la Bretagne était habitée par des Celtes du Ve au Ier siècle avant l’ère chrétienne. Encore avant eux, elle l’était par une culture mégalithique à qui l’on doit les alignements de Carnac, l’allée couverte de Louvetière ou le cairn de Gavrinis. Leurs traditions, leur artisanat et leurs coutumes ont laissé des traces profondes dans l’imaginaire collectif.

L’occupation romaine à partir de 52/51 avant l’ère chrétienne a marqué la Bretagne à travers la construction de voies romaines, de cités, et de témoignages architecturaux comme l’aqueduc de Carhaix-Plouguer (Finistère). Il ne faut pas imaginer une soumission globale brutale mais plutôt une lente romanisation. C’est d’ailleurs de cette époque que date le nom du premier nantais connu, Argiotalus, un soldat engagé dans l’armée romaine décédé vers 31 dans l’actuelle Allemagne ! Ainsi, les déplacements internationaux sont déjà présents dans l’Histoire de la Bretagne !

Les temps Médiévaux : Vikings, Normands et Bretons

Antoine Du Four présentant le manuscrit des Femmes célèbres à Anne de Bretagne - Musée Dobrée Nantes
Antoine Du Four présentant le manuscrit des Femmes célèbres à Anne de Bretagne – Musée Dobrée Nantes

Du Ve au Xe siècle, les Bretons ont forgé leur identité face aux invasions. Les luttes contre les Francs, les Vikings et les Anglo-Normands ont contribué à cimenter le caractère indépendant de la Bretagne. Se dégagent des figures d’autorité comme Nominoë, lieutenant de l’empereur carolingien Louis le Pieux qui parvient à dominer la Bretagne et arracher son autonomie face à Charles le Chauve en 846.

À partir du XIe siècle, le système féodal parvient à s’imposer aux paysans bretons, plus lentement que dans d’autres régions de par la résistance aux contraintes seigneuriales. Les luttes de pouvoir entre les comtes de Nantes, de Rennes et de Cornouailles, les guerres contre Henri II Plantagenêt au XIIe siècle puis la guerre des deux Jeanne au XIVe laissent peu de répit à la population.

La fin du Moyen Âge voit de nouveaux conflits opposant les souverains de Bretagne au royaume de France, qui s’achèvent en 1491 par le mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII puis Louis XII, qui marque le début d’une nouvelle ère de l’Histoire de Bretagne.

Des Temps modernes jusqu’aux Lumières, entre révoltes et renouveaux :

Parlement de Bretagne, Rennes - Généalogie
Le Parlement de Bretagne à Rennes, photographie de Guillaume Piolle

Du XVe au XVIIe, la Bretagne traverse une période relativement calme et prospère. Son rattachement « officiel » à la France en 1532 ne change pas fondamentalement la vie des paysans bretons qui constituent environ 80 % de la population. Cette aisance toute relative tient notamment à la diversification des cultures et élevages : blé, mil, goémon, puis au développement du sarrasin, adapté aux sols pauvres et favorable à l’apiculture. C’est une époque charnière pour la généalogie en Bretagne : l’ordonnance de Villers-Cotteret de 1539 privilégie le français pour les actes de justice du royaume, et impose surtout la tenue de registres de baptêmes et de sépultures !

Si l’autorité du royaume de France est pendant cette période bien tolérée grâce aux privilèges négociés par le duché, la Révolte des Torreben de 1675 rappelle que les Bretons sont chatouilleux. Face à la hausse des taxes que prononce Louis XIV pour financer ses guerres sans consultation des États de Bretagne (réunion à l’échelle locale des trois ordres : Villes, Clergé, Noblesse), le peuple souvent mené par des femmes se soulève dans une révolte unique sous le règne de ce souverain depuis la Fronde.

La Révolution française a eu des répercussions majeures en Bretagne, avec la suppression des États et du Parlement de Bretagne. En 1790, la province de Bretagne est divisée en cinq départements : Finistère, Morbihan, Côtes-du-Nord, Ille-et-Vilaine et Loire-Inférieure. La chouannerie, guerre civile entre pro- et anti-républicains, traduit les tensions qui divisent la région et le rejet de contraintes imposées depuis Paris.

De l’industrialisation jusqu’à nos jours : destructions et renaissance dans l’Histoire de la Bretagne :

ARCHIVES-MUNICIPALES-de-BREST-12Fi701
Brest bombardé photo ARCHIVES-MUNICIPALES-de-BREST-12Fi701

Au XIXe siècle, l’agriculture joue un rôle notable dans l’amélioration des conditions de vie. Progressivement l’ardoise remplace le chaume, et la brique, le bois. Le passage d’artistes à la recherche d’exotisme, le développement d’un roman national et la redécouverte d’une mythologie celtique ouvrent une période de renouveau culturel : développement de l’École de Pont-Aven dès les années 1850, apparition de la Revue celtique d’Henri Gaidoz en 1871, puis le mouvement Ar Seiz Breur dans les années 1920. Arrive alors le premier attentat indépendantiste breton, en 1932.

À partir de 1940, la Bretagne voit arriver en masse toute une population civile et militaire fuyant l’avancée des troupes allemandes, mais l’occupant nazi s’appuie sur le Parti National Breton rétabli par l’administration d’occupation en faisant miroiter l’espoir d’une indépendance. Une adhésion importante des partis de droite bretons au maréchal Pétain ne traduit que peu le désintérêt réel de la population pour ces questions politiques. Ce sont les rigueurs de l’occupation et la proximité de Radio-Londres qui inspirent une Résistance populaire, notamment à Brest. Les bombardements alliés ont malheureusement provoqué la destruction de certaines archives d’état-civil, ce qui peut compliquer la reconstitution de votre généalogie en Bretagne.

Suite à cette période, il faut attendre les années 1970 pour que le folklore et la culture bretonne soient remis en valeur. Avec le Festival Interceltique créé en 1971, des figures comme Alan Stivell, et plus récemment Nolwenn Leroy permettent la redécouverte de la langue bretonne et la promotion des danses et musiques traditionnelles.

Charles Longueville Dolmen entre Locmariaquer et la Trinite 1874 huile sur carton collection particuliere - Généalogie Bretagne
Charles Longueville Dolmen entre Locmariaquer et la Trinite 1874 huile sur carton collection particuliere

Cette « Petite Histoire de Bretagne » est une invitation à explorer une région où chaque pierre raconte une histoire, où chaque légende résonne encore dans le souffle du vent marin. Tous ces évènements ont façonné une identité bretonne et ont marqué vos ancêtres, votre généalogie. Entre traditions anciennes et modernité, la Bretagne continue de captiver par son héritage unique.


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